Les artistes protestent, donc, et manifestent à leur tour.
Pas surprenant au regard des interdits du corona. Protocoles sanitaires, et couvre-feu, à présent. Les publics se réduisent ainsi. Les spectacles se «dénaturent». Les horaires deviennent impossibles… Des métiers entiers sont mis à l’arrêt. Appauvris.
En temps de pandémie, le chômage technique n’est pas le seul lot des journaliers de cafés ou de restaurants. Nos artistes y sont également exposés. La plupart n’ont pas de salaire fixe. Et l’ensemble vit encore sans un statut. La Tunisie ne regarde, sans doute plus, les acteurs et les chanteurs (les saltimbanques) d’un «mauvais œil», mais force est de croire qu’elle les abandonne parfois à leur sort. Qu’elle ne leur tend pas forcément le bras.
Plutôt étonnant, en revanche, que des manifs aient visé la nouvelle loi de finances et la coupe qu’elle préconise dans le budget de la Culture.
Inhabituelle colère. Pancartes en nombre. Slogans brandis. La surprise est: pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ?
Trois décennies, plus précisément depuis l’arrivée de Ben Ali, que la culture voit fondre son budget. Et le grignotage se poursuit depuis la révolution. Bon train. Et, que l’on sache, dans l’indifférence quasi générale.
Un zéro virgule en fait dans «l’ordre des choses». La culture incommodait la dictature. Elle incommodait Ben Ali. Ben Ali servait bien le besoin des artistes, jamais les besoins de la culture. Sous la révolution, voilà dix années, voilà trois présidences, trois parlements, et sept gouvernements, il semble, hélas, que ce soit toujours la tendance. Le même concept adopté. Le même état d’esprit clamé et défendu.
La culture, qui est savoir et conscience, est laissée sans ressources. Crainte donc écartée.
Les Arts comme spectacles, comme loisirs et divertissements se contentent parfaitement du peu.
C’était clairement (spontanément?!?) l’avis de Hichem Mechichi, l’autre jour. C’est tout ce que réclameraient les manifestants.